Thirties

Des épisodes épicés que l'on compose à partir d'histoires et déboires de trentenaires, à la ville comme à la scène. Une grande tablée où il n'y a pas de règles, venez vous installer.

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Par Margaux Rouche
24 août · 3 mn à lire
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Épisode 13 : Mercure ne rétrograde pas

Ou du moins, pas à la plage, ni dans l’eau salée. Début août, je prends peur en lisant une chronique du magazine The Cut. Une astrologue y partage une nouvelle marche arrière pour Mercure, et selon elle le retour des galères. Superstitieuse, je chasse l'idée de potentiels tracas pendant mon mois d'août - ce serait ingrat.

Musique de fond : Around the sun, Poolside & Amo Amo

Comme si les imprévus n’étaient pas assez nombreux pendant l’année, la magie de l’astrologie a voulu nous faire douter de la plénitude de nos vacances. Oui, Mercure rétrograde et choisit de jouer les mauvais pilotes cet été. Pour les personnes qui ne connaissaient pas ces deux mots, rien de grave. Pour les superstitieux, c’est encore une nouvelle raison de se méfier et de justifier certains événements. On s’explique.

I don’t understand, sir

Qu’est-ce que ces deux mots signifient alors ? Rien de réel en tout cas, car l’astre ne fait pas marche arrière - c’est impossible. Entre deux conseils en amour, j’ai demandé à Chat GPT. Mercure rétrograde, c'est d’abord un effet d’optique que l’astrologie explique à sa façon. En gros, on parle de rétrogradation quand une planète semble ralentir et revenir sur elle-même dans sa trajectoire. Une impression de la Terre, il ne s’agit pas d’un mouvement physique mais d’une illusion pour l'œil. Mercure, étant la planète la plus proche du soleil, met généralement 88 jours à orbiter, contre 365 jours pour la Terre. Ainsi, lorsque sa vitesse diminue, la position relative de Mercure par rapport à la Terre et notre ligne de visée changent. On aurait pu se contenter de ça mais non, l’astrologie en explique une courte saison de mauvais karma. Mercure semble reculer et on devrait du coup vivre des moments plus compliqués à en croire cette théorie.

Illusion d’optique

C’est la troisième fois cette année que l’on encaisse cette petite fiesta de gravitation. Je fais quelques recherches, je comprends qu’on marche sur des œufs entre le 4 et le 27 août et l’idée que mon avion ne décolle pas me traverse l’esprit. Foutaises, ils n'oseraient pas nous enlever ce cadeau et la beauté de ce séjour. Glamour UK, apparemment pro en la matière, me conseille quant à lui de prévenir les conflits amoureux et amicaux pendant ces jours. Je serre les poings pour ne pas dévoiler mon plus beau majeur.

Changer les codes, je ne d’août pas

Mieux, je sers à Mercure mon plus beau sourire, le visage reposé à base de peau bronzée et regard grand ouvert. On est en forme. Sous le signe du feu du Lion après le 14 août, comme le précise Marie-Thérèse dans l’horoscope de Télé 7 Jours, l’été sera chaud. Mes amies et moi-même choisissons d’interpréter ce braquage des astres autrement. Trentenaires bien fatiguées par les comportements humains, nous préférons oublier ces galères d’amour, de boulot et d’euros sur la plage (abandonnée). Si la Terre est ronde, alors nous le serons aussi à coups de spritz. Les galères se profilent comme d’habitude, et on se force à les interpréter différemment. Finalement, il est question d’accepter le destin. Les nœuds au cerveau disparaissent une fois qu’on a intégré cette évidence. Rien n'arrive par hasard, et ces quelques semaines sont tout bonnement délicieuses chez moi. L’été croustille, la fatigue nous quitte, les surprises détonnent et les fous rires se multiplient.

La vie est un bon rock

Je suis entourée de lionnes, et je dois dire que la première partie de l’année a manqué de tact avec chacune d’entre nous. Le soleil a traîné à se ramener et les bonnes nouvelles sont arrivées avec lui : on les appelle les vacances. Alors on pourra évidemment mentionner les tarots à rallonge des loueurs de voiture en arrivant et ma magique chute dans les rochers sardes, ils ne sont pas en mesure de venir troubler mon engouement à profiter de ces journées. Ce n’est pas un coup de Mercure, c’est le monde qui refuse que l’on s’ennuie. La malice remplace l’inquiétude et l’esprit s’ouvre à de nouveaux loisirs et rencontres. Découvrir ce qu’on ne connaît pas, quitte à reperdre ma méduse de chaussure dans l’eau claire et à me blesser l’orteil.

Le clou du spectacle, la plage

Installée sur le sable avec quelques-unes de mes amies, je regarde l’horizon et les écoute commenter les applis de rencontre. Certaines d’entre elles adorent s’y promener, dans le but de partager cette quête au prince pas chiant. Thaïs est en mesure de nous proposer un vrai woman-show, imitant ses prétendants grâce aux notes vocales qu’ils lui envoient. Elles jouent de la géolocalisation, swipe left la plupart du temps et comparent leurs gains. Gina et moi sommes mortes de rire. On écoute et assiste au spectacle, Thaïs précisant que son Hinge est devenu un supermarché. Elle n’y choisit que la crème de la crème pour les ghoster au moindre faux pas ou manque de goût. Hier, à la vue d’une doudoune Jott sur l’application de rencontres, un gars très bien a perdu toute crédibilité. Pour Thaïs, c’est le meilleur plan : “on fait le tri les fesses sur la plage sans avoir besoin de vivre un moment désagréable qui ne donnera aucune suite”. Pour espérer rejoindre le tapis roulant, il faut cependant répondre à quelques critères : un humour fin, du charme et du chien. Peu courant mais pas impossible à trouver, un peu comme les pépites chez Monoprix. Attention au marketing, c’est peut-être bien écrit, beau mais finalement dégoutant ou mauvais pour la santé.

Quatre filles et un short en jean

J’ai repensé à la rétrogradation de Mercure quand, après avoir marché sur un oursin, Sophia a voulu envoyer une petite photo d’elle la peau mouillée à son nouveau crush sur Hinge. Ils papotaient depuis trois jours, et prévoyaient même un week-end (toujours plus) fin septembre. On faisait les madones face aux Sardes, foulard sur la tête et lunettes de soleil. C’est ce qui m’a apparemment empêchée de voir l’énorme déchet nasal que Sophia avait sous la narine au moment de prendre la photo. Plus tard dans la journée, et à l’ombre, elle s’étonnait de l’ignorance de son beau gosse face à son petit envoi. Elle a donc repris sa conversation et découvert le carnage. Le cliché avait été envoyé, il l’avait vu mais ne savait répondre. Nous avons ensemble décrété que si elle n’avait pas de nouvelles, alors il n’en valait pas la peine. Il nous aura permis de travailler nos abdos tant l’on ne savait s’arrêter de rire, et Gina en perdait presque les eaux. Les maladresses de chacune étaient accueillies avec bienveillance, on les prenait même à la rigolade et cet état d’esprit en devenait mon nouveau mantra. Tout semblait léger, les Italiens défilaient en slip fluo et on réclamait aux filles de continuer leur shopping en ligne. Il n’y avait que de la gentillesse, du partage et de l’attention bien méritée. Chacune faisait sa petite marmite et tout avançait sûrement.

C’est la magie de l’été, il fallait le soleil pour que les planètes s’alignent. Il suffisait de choisir sa vitesse de croisière, et les choses se présentaient naturellement. On avait hâte de la suite et surtout, les vacances n’étaient pas terminées. Les gamelles, les arnaques mais surtout les moments simples se présenteraient encore.

P.A (Plaisirs assumés) : un maillot chez Albertine et une glacière YETI pour le rosé.