Thirties

Des épisodes épicés que l'on compose à partir d'histoires et déboires de trentenaires, à la ville comme à la scène. Une grande tablée où il n'y a pas de règles, venez vous installer.

image_author_Margaux_Rouche
Par Margaux Rouche
8 oct. · 3 mn à lire
Partager cet article :

Épisode 16 : HOT MAMMAS

Kids ou pas kids, nous avons toutes cette gnaque de hot mamma. Je crois n'avoir jamais reçu autant de témoignages que pour cet épisode, et l'exercice s'est avéré plus compliqué que pour mes autres essais.

Musique de fond : Ain’t Your Mama, Jennifer Lopez

Passée trente ans, la parentalité est un sujet qui tabasse quel que soit le cas de figure. C’est notre quotidien de parents et celui de nos amis, ou alors il s’agit de nos proches et collègues qui parlent de leurs bambins. Les épargnés (hors réunions de famille, quand même) sont souvent ceux qui résident dans une grande ville et dont la team de la rue Oberkampf repousse l’échéance. C’est un centre d’intérêt majeur, jusqu’à devenir une question classique qu’on n’aimerait pas toujours entendre : “et toi, tu as des enfants ?”.

Pour ma part, je ne suis pas mère d’un enfant, ou du moins d’un humain. Sur mon bureau, vous apercevrez peut-être un passeport qui n’est pas le mien mais sachez qu’il s’agit des papiers de mon teckel nain, Gisèle. Comme votre nouveau né, elle est en mesure de me combler d’amour comme de vomir sur mon nouveau tapis Mirage tout juste acquis chez Ligne Roset.

M.I.L.F - your own business

Je suis entourée de caractères de feu, et surtout de trentenaires plutôt bavardes. Quand je leur expose ma vision sur l’idée d’être “une maman, ou non”, je découvre que nous partageons toutes un point commun. Pour elles, l’instinct maternel, c’est quelque chose qui nous appartient. L’important, c’est de se sentir bien avec soi-même, la nature et le futur décideront du reste. En bref, on devient une milf si on prend le temps de s’écouter. Sympa, comme idée.

Celle qui avait un (deux, ou trois) enfant(s)

Parler avec des mamans sur Thirties, c’était comme arracher un sparadrap sur tous les tabous de la grossesse ou des enfants. Clara m’a évidemment confié des détails lugubres de sa mise au monde de Charlotte (cinq ans) mais a aussi appuyé là où elle avait eu mal : “J’ai enchainé deux grossesses et je me suis mis un coup de pied aux fesses pour me retrouver. Je me suis toujours sentie femme, mais ce statut m’a donné des responsabilités qui m’ont laissé penser que je n’avais plus de temps pour moi”. Celle qui apprenait sa grossesse le lendemain d’une énorme caisse et d’une expérience aux champignons se voyait désormais dédier l’intégralité de son agenda à ses petits. “Il a fallu que je réapprenne à me kiffer et réveiller cette grande acharnée fêtarde et pleine de vie qui sommeillait au fond de mon estomac - la gnaque que je pouvais envoyer. C’était quelque part, je n’en doutais pas. J’ai doucement repris les soirées avec les amis, la corde à sauter tous les jours, le boulot et les moments de bien-être. Mon partenaire a adoré me voir aussi enjouée, bien dans ma peau et désireuse de vouloir sortir en bombe au restau entre copines. J’ai retrouvé ma libido et on a vraiment découvert de nouvelles choses” me raconte-t-elle.

Friends, saison 4

Celle qui aimait ceux des autres

Autour de ma table, il y a aussi le gang des hot mammas - qui préfèrent les kids des autres. Pour Norah, cela ne veut pas dire qu’elle n’a pas d’instinct maternel. Elle adore les enfants, vraiment, mais ne se voit pas organiser sa vie de cette manière. Son mari, non plus et ils aimeraient seulement que les questions des mauvais curieux s’adoucissent à ce sujet. “Les personnes estiment alors qu’on a des soucis, ou qu’on n’y arrive pas. On nous répète qu’on ferait de super parents, que je serais une maman incroyable mais personne ne semble entendre que je n’en ai pas envie. Et cela ne signifie pas que je ne garderai pas les vôtres samedi soir car j’adore leur innocence. Je pense même qu’il serait judicieux de les écouter davantage” me lance-t-elle. Morgane acquiesce, elle s’est pour sa part engagée avec un homme de quinze ans son ainé - et l’idée de participer à la vie des enfants issu du premier mariage l’arrange : “Je ne me vois pas évoluer sans famille mais je n’ai jamais eu envie d’avoir un bébé. Le destin a fait que l’on s’est rencontré, et je me sens maman d’une certaine façon. C’est ce que je veux aujourd’hui, et je l’ai”.

Celle qui pourrait vous en décrocher une

Ali, de son côté, vient de se séparer de son compagnon. Cinq ans de vie commune, et elle pensait qu’il serait le père de ses enfants. Elle veut une famille et voit pas l’intérêt de cuisiner s’il ne s’agit que de son bec. Voilà deux ans qu’elle fait face aux commentaires de ses proches, surtout la BFF de son père, quant à l’avenir de ses ovaires. “Je n’ai que 35 balais, et on me laisse entendre que c’est maintenant ou jamais. Au nom des miennes, il serait apprécié de faire preuve d’un peu plus de tact quand on parle à des femmes trentenaires qui ne sont pas mamans, en couple tradi ou mariées. On est là où on est, parce qu’on l’a choisi ou parce que la vie en a décidé ainsi.” réplique Ali, bras croisés et dents serrés en fixant mes yeux. I get you girl, ils ne nous auront pas.

Il y a ensuite H., qui nous confie ses difficultés à avoir un enfant. Cinq années qu’elle bataille, entre les traitements et effets secondaires…en vain. Les questions de la société sont devenus des chuchotements gênants ou des yeux de cocker qui se posent sur elle. Pourtant, elle ne lâche rien : “Si ça ne marche vraiment pas, je devrai me faire une raison et on trouvera une autre solution. Je veux juste que ces moments et ces situations n’appartiennent qu’à moi, et à la personne avec qui je choisis de traverser cela”. Et on lève nos verres à cette énième botteuse de cul.

Celle qui s’en cognait

Mon téléphone sonne, et sur mes lèvres se dessine un large sourire. Elle a 39 ans, attend son deuxième enfant (en peu de temps) et fait partie de ces âmes qui sauront toujours me faire vibrer. “Je ne ressentais pas ce truc aussi fort avant, je trouvais les enfants attendrissants mais je n’y étais pas spécialement sensible. Ce n’était pas une case à cocher du moins. Ce qui est drôle, c’est que je ne me suis jamais sentie aussi bien avec moi-même que depuis que je suis maman. J’ai beaucoup grossi pendant ma grossesse, genre vraiment mais je n’ai pas culpabilisé car je n’étais pas dans l’excès, j’avais un rythme sain. Je vivais à fond le moment, et j’étais consciente de la chance que j’avais. J’étais OK avec ces fameuses transformations qu’on m’avait annoncées (rires). Tomber enceinte, c’est comme tomber amoureuse, ça t’appartient. Chaque expérience de la vie est différente pour tout le monde, je souhaite ce sentiment de satisfaction à tout le monde : qu’il s’agisse de la maternité, de rencontrer quelqu’un ou d’apprendre à s’aimer. Peu importe ce que l’on vit, qu’on soit en couple ou non, qu’on ait envie d’être mère ou pas… Si on est en phase avec soi-même, alors on saura profiter et se surpasser dans l’instant présent.” m’explique Tessa.

Clara (hot mamma avec deux enfants) avait donc raison, car elle applique un conseil transmis par une proche dans toutes les situations. Qu’il s’agisse de celle de maman, femme, amie, collègue ou en galère de punto en panne sur le mauvais côté du périp. La force, celle qui nous donne cette confiance puissante, c’est de se rappeler que tout passe. Les bons, comme les mauvais moments. Savourer un moment cher, comme rester droite quand la vie se veut plus capricieuse. Jennifer Coolidge vous le dira.

P.A (Plaisirs assumés) : une semaine dans un Sandals resort entre hot mammas et un billet d’avion pour Gigi