Une étude venue de Cambridge parle à ma place : 32 ans, la fin de l’adolescence. Quelques années passent et je me regarde, l’air dépité. En effet, le nombre de cadeaux de Noël est divisé par huit, les personnes à table aussi, et ceux à qui on excuse tout à table mangent les mêmes petits poissons panés que moi le mercredi midi. Que s’est-il passé ?
Musique de fond : Younger, Seinabo Sey
Cette semaine, on devait parler médecine esthétique, et j’y ai encore pensé en croisant cet étudiant de mon passé aux traits anormalement tirés hier soir. Sauf qu’une étude tout juste parue m’a convaincue de changer mon fusil à bulles d’épaule : j’ai trouvé une autre source de fabulation intéressante, encore.
Une étude venue de Cambridge m’interpelle, elle raconte que 32 ans marquerait la véritable fin de l’adolescence. Les chercheurs y expliquent que notre cerveau continue de se remodeler jusqu’à cet âge, la matière blanche progresse encore, les connexions se renforcent, et nos capacités cognitives n’atteignent leur plein régime qu’au début de la trentaine. En gros, 32 bougies marquent la fin des grands travaux : c’est là que la structure cérébrale se stabilise enfin. Malgré quelques flèches et mecs paumés pour qui la magie n’opère pas - ou pas encore. Raison pour laquelle une bonne partie des célibataires, après trois décennies de vie, restent incapables de s’engager, accrochés aux jupons de leur maman et rongés par un joli syndrome de Peter Pan.
32 ans, donc, c’est l’âge où l’on capterait enfin quelques signaux de l’avenir ou de la raison. Et cela s’illustre par mille schémas : on se découvre une lubie, on bouscule sa situation, on fonde une famille, on part, on déménage, ou l’on choisit simplement un mantra censé guider la suite. On regarde la vérité en face, on perd parfois des personnes que l’on aime profondément et on accepte de sortir d’une équation qui ne nous convient plus. Ou, mieux encore, on réalise qu’il est temps de faire un peu de mathématiques et que la fête a suffisamment duré.
Le meilleur de cette énième étude venue d’ailleurs, c’est l’idée rassurante que les vraies responsabilités n’arriveraient qu’à cet âge-là. En tout cas, elles deviennent inévitables. Avant, c’était normal de se sentir bancal, de changer de job ou de mec comme de jean, de pleurer devant un lave-vaisselle trop cher, de ne rien comprendre aux impôts et de s’inventer un signe astrologique qui disait mieux. Une fois les 32 bougies soufflées… il est temps de repasser soi-même ses chemises, d’assumer son mauvais jeu si l’on n’est toujours pas devenue écrivaine à succès, et d’arrêter de retirer les points du permis de mamie parce qu’« elle n’en a bientôt plus, elle non plus ».
Et si ce cap est aussi celui de la gueule de bois qui dure désormais trois jours, et du premier cheveu dégueulasse, épais et grisonnant, il est aussi celui des bonnes surprises. Retrouvailles avec de vieilles connaissances (quinze ans déjà depuis le lycée), voyages sans validation parentale (your money, your move) et folies imprévues - même si la vie coûte toujours plus cher, le pouvoir d’achat reste plus élevé qu’à 25 balais.
Vivez comme des ados un jour, puis comme des adultes une semaine. L’essentiel, c’est d’assumer et de se souvenir qu’un jour, il sera trop tard pour regretter. Les années peuvent passer, la jeunesse reste un mindset, un luxe que je vous conseille de protéger au bon moment et avec les bonnes personnes.
En tout cas, le week-end approche… et cette paire de mocassins m’appelle.
P.A (Plaisirs assumés) : Ces fameuses shoes BALZAC PARIS dans la nouvelle boutique de Lille, et un billet pour RIO.