Il ne se souvient pas des Bleus en 1998 car bébé ou pas né, il fait partie de ces dérapages que l’on croyait impossibles. Quinze années de moins au compteur que celui qu’on vient de quitter, et zéro intention de vous demander si vous prendrez un dessert : il compte bien être le vôtre, et ne voit pas l’intérêt d’une touche sucrée au restaurant.
Musique de fond : Where are we now, David Bowie
Comme une bouffée d’air, une bouchée de chair fraîche, le petit jeune tombe à pic.
Souvent, il arrive comme un messie (ou un missile) porteur d’un message réconfortant : celui de croire encore à son mojo, à sa capacité de séduire après trois enfants, un divorce et quelques excès en menus dégustation.
Il est gentil, souriant, beau, souvent bien gaulé. Plus de cheveux sur la tête que de poils sur le torse, pas de tatouage, pas de discours d’invertébré sur le vin. Il boit son verre franchement, rit facilement, se moque des codes qui nous coûtent si cher dans nos sphères privées. Il regarde avec des yeux amoureux et donne le sentiment qu’il irait décrocher la lune, juste pour impressionner le temps d’une soirée.
Et si c’était nous, demain ?
À l’heure où les séparations se multiplient dans nos cercles, certaines élargissent leurs champs d’action. Là où l’on cherchait autrefois des hommes plus âgés, supposément plus stables, la tendance s’inverse passé la trentaine.
Je pense à Charly. Il y a quelques années, un imbécile fan de manga, profil Tanguy à l’approche de la quarantaine, lui brisait le cœur. Incapable de s’engager, encore moins de choyer leur relation.
Nouvellement inscrite sur les applis, elle décide de ne plus filtrer les âges. Premier rencard depuis des lustres, et il a 25 ans.
Presque dix de moins que nous, oula. Je n’y crois pas une seconde et me persuade que ma copine de classe vient de gagner une nuit mémorable basta. Face au miroir, je m’interroge sur cette raison qui pousseraient des enfants de l’an 2000 à flirter avec d’anciennes fans des Minikeums.
J’aurais mieux fait de me taire : ils sont ensemble depuis plus d’un an, ont emménagé chez elle et nous passons un délicieux week-end dans au soleil pour rencontrer le boyfriend prodige. Je ne l’ai jamais vue aussi épanouie, Charly rayonne et il semble très heureux lui aussi. Il est ce masque anti-âge auquel on ne croyait plus, et il reste - lui.
Parfois, lui veut du grandiose. Des plans vastes, bruyants, presque cinématographiques. Ou alors, à l’inverse, rien du tout. Le néant confortable, l’instant suspendu, l’absence totale de projection. Et nous, on navigue. Il y a des jours où ça nous va. Et d’autres où l’on aimerait qu’il sache se faire encore plus petit. Presque discret, parce qu’on n’assumerait pas forcément d’amener ce beau jeune homme en grand comité, sous les néons d’un dîner où tout le monde compte les années, les alliances et les crédits immobiliers.
Tout dépend du contexte. De l’énergie du moment. De ce que l’on cherche à prouver ; ou à ne plus faire défiler du tout.
Lui, il ne connaît pas Gwen Stefani et No Doubt (vous l’avez ?) qui ne se souvienne de Vanessa Carlton, ni de ces chansons qu’on écoutait en se persuadant que tout finirait par s’aligner. Ce n’est pas grave. Le petit jeune n’est pas là pour partager nos références, mais pour activer autre chose. Un sentiment brut, presque physique.
La beauté réside là : dans cette capacité qu’il a à nous rendre plus fraîches, plus charismatiques, plus musclées et surtout plus solides que tous ceux qui, un jour, nous ont mises au sol. Il ne répare rien. Il ne promet rien. Il rappelle simplement que le corps et l’ego savent encore se tenir droits.
Et parfois, ça suffit largement.
On lui dit merci. On l’accueille. On le chérit s’il se présente. On ne lui dit pas non, mais on ne lui dit pas oui non plus si le genou se pose à terre. On le regarde, on le dessine, on y touche peut-être pas. On lui offre en tout cas un regard débordant de bienveillance. Parce qu’il aura été de ces épisodes que l’on se remate cent fois. Pas spécialement pour y retourner, au moins pour se rappeler.
Faites surtout ce que vous voulez.
P.A (Plaisirs assumés) : Un body un peu trop cul chez Ysé & un hydrafacial chez Innerskin - oups