S1 Épisode 12 : Vacances, j'oublie tout

C'est l'heure, et vous savez combien vous les avez méritées. Comme une récompense pour avoir survécu à la première partie de l'année, les vacances estivales se savourent autant que l'idée d'une partie de jambes en l'air avec ce joli mec croisé dans l'avion mardi dernier.

Thirties
4 min ⋅ 09/08/2024

Musique de fond : Regeneration, Biba, Makossa (IT), Waiyari

Je doutais de moi sur la dernière ligne droite, je suis encore tombée il y a trois jours dans le gravier et je n’ai aucune idée de ce que je mets dans ma valise : je suis enfin en vacances et je peine à le réaliser. Comme la tradition l’exige, je pars couverte de bleus sur les jambes à badigeonner d’arnica pour ne pas (trop) foirer les premières apparitions en maillot. On me demandera ce qui est arrivé, et je répondrai : 'J’ai fait une Margaux.' Mes proches sauront alors immédiatement qu'il s'agit d'une référence à mon manque de logique et à ma légendaire maladresse. Bref, je m'éloigne déjà.

Pendant des années, mes étés se sont résumés à la même réservation de billets d’avion pour retrouver un bord de mer où nous avions nos codes. On ne se posait même pas la question, on partait à la plage et en famille : indiscutable. La saison 2024 est pour le moins différente puisque je détiens le graal de pouvoir en faire ce que je veux. Bien consciente que je ne me nourrirai que de soupes instantanées et de pillage de frigo en septembre (je doute que ma soeur ne me lise de toute façon), j’ai vendu mon âme pour me prévoir une série de voyages dédiés à mon plaisir personnel.

Les moutons

Loin de la France, le culte du mois d’août amuse. On nous prend pour des dingues à tous partir au même moment, alors qu’il fait chaud un peu partout dans notre pays et que l’on pourrait profiter des installations à proximité. Ou des Jeux Olympiques, par exemple. Je me souviens de mon ex-beau frère, qui m’interrogeait sur ma logique de booker un séjour hors de prix au mois d’août (en pleines vacances scolaires alors que je ne pouponne pas) et pas en octobre quand les avions et destinations ensoleillées seraient désertes. La connerie entraîne la connerie : c’est à ce moment précis que l’activité est morte, tout le monde fait sa valoche et il serait stupide de travailler dans le vent. Business is dead in August, bro - à moins que je n’ouvre un camping.

Famille à bord

Pour beaucoup de mes amis, les vacances d’été commencent par un calvaire. Un long trajet en voiture, des stops pipi avec la demande insistante d’une serviette pokémon à la vente en caisse de station service, une expérience répugnante en TGV Oui Go, un vol épuisant rythmé par la décolle de gommettes sur la tablette, du chocolat fondu sur les sièges et des “on est bientôt arrivé ?” pires que dans Shrek. Ma meilleure amie en témoigne, il n’y a rien de plus long que de décharger une voiture familiale ou de préparer des valises imaginant tous les scénarios possibles. “Tu as la météo, les chutes ou les rhumes potentiels, les activités, les accidents, les oublis et les jalousies à prendre en compte. Tu sais que tu ne peux pas risquer une invasion de moustiques sans les pleurs d’un enfant, il ne réalise pas qu’il aura une bouée en forme de croco pour se détendre le lendemain. Il n’a pas de piscine de rosé pour oublier ce qui lui arrive et surtout il n’a pas à décompresser d’une vie trop compliquée” me lance-t-elle en comptant les plaquettes de suppositoires Doliprane qu’elle embarque pour Pierre et Vacances sur la Côte.

Les kiffeurs

Les célibataires, les trentenaires sans enfant qui partent quand même pendant les vacances scolaires mais qui se planquent dans des lieux qui leur font du bien. Ils partent en bandes de copains, se rejoignent ou squattent les maisons familiales pour les plus chanceux. Ils ne réclament que très peu : une pétanque, un peu d’eau pour se baigner, des jeux de société et des blagues à en pleurer. En groupe ou en couple, retour aux sources avec des pastis Henri Bardouin et des anecdotes qui font toujours plaisir à raconter. Pas de lézard, juste de vieux copains tout nus dans la piscine après minuit, incapables de s'arrêter comme ils l'avaient promis au réveil, et un peu honteux de la soirée qui le précédait. Le barbecue ne pourrait pas plus chauffer et, bien heureusement, les randonnées et descentes au marché viendraient conforter les esprits après les excès. Toutes les bonnes choses ont une fin, il y en a toujours une qui ne fait pas assez la vaisselle et un copain qui sort rarement le portefeuille. La vie en communauté, c’est cool mais indique aussi un retour à la maison avec un régime eau pétillante et sucrine le mois suivant.

Mange, prie, aime

Les solitaires, ceux qui considèrent que les vacances se choisissent seuls. J’ai échangé avec Sarah à ce sujet, et j’ai trouvé sa perception du “vrai break” plutôt séduisante. Après une rupture, elle décide que ce temps qu’elle choisit de s’accorder pour déconnecter du travail n’appartient qu’à elle. Sac à dos, bouquins et snacks en main, elle s’évade à l’autre bout du monde pour se retrouver. “C’est devenu addictif, je refuse d’emmener quelqu’un avec moi. D’une part, j’apprécie énormément de pouvoir choisir mon planning et de ne dépendre de personne, j’écoute mon corps et mes vrais désirs pendant ces excursions. Je n’y vais pour rencontrer personne, les interactions sociales que je développe avec les gens que je croise me suffisent. Pas de rencard, pas de sortie sans un bon livre, juste du repos et de l’apaisement pour ma charge mentale annuelle” me raconte-t-elle. Ce que je trouve émouvant dans son approche, c’est qu’elle réussit à faire le vide mais aussi à se lâcher. “Tu n’as personne pour te juger, je laisse mes émotions aller et je pleure quand j’en ai besoin - beaucoup, je t’assure ! Je m’oblige à laisser mon téléphone pendant la journée et je redécouvre la stabilité de mes humeurs. Je suis relaxée, je ne bois pas d’alcool, je me dédie du temps pour recharger les batteries” ajoute-t-elle. L’idée me tente, surtout car je connais Sarah : à son retour, elle me proposera un verre en terrasse avec son chihuahua et un passage dans l’un de ses clubs parisiens préférés pour y retrouver un date oublié. L’équilibre est donné, c’est donc comme ça qu’elle puise cette énergie solaire que j’apprécie tant chez elle. J’ai relu le roman d’Elizabeth Gilbert il y a peu et cette discussion intervient au moment où je réfléchis à prendre des billets. Je ne vais pas mentir, une soirée avec Javier Bardem à la fin du solo trip m’attire aussi.

Quoi qu’il en soit, la déconnexion est imminente pour Thirties.

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P.A (Plaisirs assumés) : cet ensemble Lululemon que je n’aurais pas dû acheter hier matin pour valoriser mon pseudo-bronzage et des lunettes de soleil Jimmy Fairly parce qu’on n’en a jamais assez.


Thirties

Thirties

Par Margaux Rouche

Journaliste et consultante en marketing éditorial, je mêle fiction et témoignages pour que mes lecteurs puissent s’identifier dans mes histoires.

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